Tapisserie-royale

REPRODUIRE UNE TAPISSERIE D'AUBUSSON
V



Au nombre des mesures financières que prit la commune de Bruxelles pendant le soulèvement des Pays-Bas, il y en eut une d'un caractère franchement révolutionnaire : ce fut la vente du mobilier et des objets précieux des églises et des couvents de la ville (1580-1581).
Tout ce qui avait pu échapper à la soldatesque fut vendu par ordre dès magistrats, soit publiquement, soit de la main à la main. Non seulement on vendit les biens mobiliers des églises et des couvents, mais aussi ceux de la cour, tout ce que Charles-Quint avait laissé1.
La vente des tapisseries, mentionnée sans autre détail, se fit à l'encan, vers la fin du mois d'août 1581 ; elle produisit 2,774 florins du Rhin, comptés à 20 sous, monnaie de Brabant Parmi ces tapisseries se trouvaient probablement celles de la Toison d'or, représentant l'histoire de Gédon, et qui décorait la grande salle du palais, lors de l'abdication de Charles-Quint.
C'était, dit un écrit du temps, « la plus riche et eiquise tapisserie qu'on ne sauroit avoir veue, »
La Tapisserie du Conseil des troubles, formant neuf pièces, fut vendue 129 florins en tout. Les Tapisseries de Notre-Dame des Sablons : 80 florins.
Au tombeau d'Adolphe de Clèves, aux Dominicains, il y avait 7 pièces de tapisseries aux armes de Ravenstein, mesurant chacune 28 aunes ; elles furent vendues à 7 sous 1/2 l'aune (l'aune de Bruxelles avait 70 cent)2.
A la mort de Philippe II, sous l'administration des archiducs Albert et Isabelle, la Belgique sembla respirer ; mais beaucoup d'artistes et d'ouvriers avaient suivi en exil les défenseurs de leurs libertés ; l'industrie avait été frappée au cœur ; le commerce extérieur était paralysé par la double guerre que l' Espagne, maîtresse des provinces belges, soutenait contre la France et contre les Provinces Unies, dont les flottes tenaient la mer. Par le traité de Munster, les Provinces-Unies exigèrent la fermeture de l'Escaut, du canal du Sas de Gand, du Swyri, et, en interdisant l'admission des trafiquants des Pays-Bas espagnols dans les colonies espagnoles ; ils achevèrent la ruine commerciale de la Belgique.
Henri IV ayant vu les belles tapisseries de Saint-Merri, et désirant « ostel l'oysiveté de parmi ses peuples, pour embellir et enrichir son royaume » continua l'œuvre de François Ier et organisa pour la première fois d’une façon durable, la manufacture royale de tapisseries. Il fit venir d'Italie

1. Voy. Henne et Wauthers, Histoire de Bruxelle.
2. Voy. Gachard, Bulletins de la Commission royale d'histoire. Bruxelles, 1872, 3e série.

d'hahiles ouvriers en or et en soie, et les installa, avec des tapissiers, dans l'ancienne maison
professe des Jésuites, située au faubourg Saint-Antoine.
Laurent, excellent tapissier, directeur de la manufacture, recevait « un écu par jour et cent livres de gages, et comme il avait quatre apprentis, leur pension fut fixée à dix sous tous les jours pour chacun. Quant aux compagnons qui travaillaient sous lui, les uns gagnaient 25 sous, les autres 30, les autres 40. Avec le temps, Dubourg (le maître qui avait fait les tapisseries de Saint-Merri) fut associé, et là, demeurèrent ensemble jusqu'au rappel des Jésuites, et pour lors ils furent transférés dans les galeries (du Louvre). Après la mort du roi, ils n'eurent plus que 40 sous par jour, et 25 écus de pension pour les apprentis, mais toujours on continuait à leur fournir les étoffes et ils travaillaient encore il la journée .... Quelque part qu'ils aient été, ils ont joui de tous les privilèges de la Trinité1). »
Dubreuil, peintre fameux, dit Sauval, fut aussi logé dans la maison professe des Jésuites, et ce fut lui qui, probablement, exécuta les cartons de la tenture dite de Diane, en huit pièces.
Outre la manufacture de la maison des Jésuites, le roi organisa une nouvelle fabrique de tapisseries, façon de Flandres, dont le personnel, recruté parmi les meilleurs ouvriers de ce pays, fut placé sous la direction de deux fabricants renommés : Marc de Coomans, et François de la Planche ; il les ennoblit et, par lettres patentes de janvier 1606, leur conféra privilége, non seulement pour Paris, mais pour toutes les villes du royaume où il leur plairait de s'établir. Il est dit, dans ces lettres patentes, que, « pendant vingt-cinq ans, nul ne pourra imiter leurs manufactures ; que le Roy leur donnera, à ses dépens, des lieux pour les loger, eux et leurs ouvriers, ces derniers déclarés regnicoles et naturels, sur leur certification et sans lettres patentes, exemptés de tailles et de toutes autres charges pendant les dites vingt-cinq années ; que les maîtres, après trois ans, les apprentis après six ans, pourront avoir boutique sans faire chef d' œuvre, et ce, durant les vingt-cinq années ; que le Roy leur donnera, la première année, vingt-cinq enfants, la seconde vingt, et autant la troisième, tous françois, dont il payera la pension, et les parents l'entretien, pour apprendre le mestier ; que les entrepreneurs tiendront 80 mestiers au moins, dont 60 à Paris ; qu'ils auront chascun 1500 livres de pension et 100,000 livres pour commencer le travail ; que toutes les estoffes employées par eux, sauf l'or et la soye, seront exemptes d'impositions ; qu'ils pourront partout tenir brasseries et vendre bière ; que l'entrée des tapisseries estrangères est défendue, et, qu'en vendant les leurs, ce sera au prix que les autres se vendent aux Pays-Bas ; que tous leurs procès seront jugés, en première instance, par devant les juges du lieu, et par appel, au parlement de Paris, en quelque lieu qu'ils soient. »
Henri IV, en 1604, avait ordonné la création d'un atelier de tapis, façon de Perse et du Levant, qui fut l'origine du célèbre établissement de la Savonnerie ; il suivit, avec un intérêt particulier, les progrès de ses fabriques de tapisseries et il dut, plus d'une fois, intervenir personnellement, et même user d'autorité pour forcer Sully à remplir les engagements contractés avec le entrepreneurs.
La colonie flamande avait été primitivement installée dans les bâtiments qui restaient encore de l'ancien palais des Tournelles ; déplacée ensuite plusieurs fois, elle fut définitivement fixée dans la maison des Gobelins en 1630. Cette propriété tirait son nom d'une famille de teinturiers, qui vint s'établir dans le faubourg Saint-Marcel, sur les bords de la Bièvre, vers le quinzième siècle.
Pendant longtemps l'Italie, et on particulier Venise ; possédèrent presque exclusivement l'art des teintures, qui ne s'introduisit en France que peu à poli. Lorsque Gilles Gobelin fonda son établissement, on regarda cette entreprise comme si téméraire qu'on donna à l'usine le nom de Folie Gohelin, et plus tard, quand le maître teinturier réalisa de gros bénéfices, on dit qu'il avait fait un pacte avec le diable.
La découverte de la teinture en écarlate peut être regardée comme j'époque la plus importante de l'art de la teinture, non seulement à cause de l'éclat de celle teinte, mais parce qu'on sut, par le même procédé, augmenter l'éclat de plusieurs autres couleurs.
Les anciens avaient donné le nom d'écarlate à la couleur qu'ils tiraient du kermès et lui était loin d'avoir la vivacité de celle que nous désignons ainsi.
A la mort de Remi Lerambert, la place du peintre des manufactures royales fut mise au concours par Henri IV. Le sujet à traiter était emprunté à des scènes du « Pasteur fidèle » ; Dumay et Guyot l'emparlèrent sur leurs concurrents. Il faut croire que les aventures de Myrtil , d'Amarillis et des autres héros de la pastorale de Guarini, inspirèrent heureusement les deux peintres, car la
1. Sauvai, Antiquités de Paris.
tenture du Pasteur fidèle fut portée par eux à 26 pièces, n'ayant pas moins de 528 aunes carrées.
Il y avait aussi, d'après Guyot:
Une tenture représentant le vol du héron, autrement les chasses de François Ier, avec les armes de, France et de Navarre : 8 pièces ; les Nopccs de Gomhault et Macé : 7 pièces. '
Parmi les tentures exécutées pendant la première moitié du dix-septième siècle, nous pouvons citer :
L’histoire d'Artémise ou l'éducation d'un jeune roi sous les yeux de la reine sa mère, exécutée au Louvre par ordre de Marie de Médicis sur les dessins d'Antoine Caron ;
Des paysages et verdures à bestions d'après les dessins de Fouquières ;
6 pièces représentant des Jeux d'enfants ; d'après le père de Michel Corneille ;
7 pièces des amours de Renaud et d'Armide, d'après Simon Vouet, qui faisait alors, en France, ce que les Ganache avaient fait en Italie : une rénovation artistique ;
Les sacrements, en 10 pièces de 35 aunes et demie de cours, sur 3 aunes 3/4 de haut.
Les cartons de cette tapisserie étaient du prince des artistes français, de Nicolas Poussin , celui qu'on a appelé le peintre des gens d'esprit1.
La lettre suivante, adressée par Poussin à M, de Chantelou, nous atteste que ce grand peintre exécuta des travaux pour la fabrique de tapisseries :
« Je ne saurais bien entendre ce que Monsegnieur désire de moi sans grande confusion, d'autant qu'il m'est impossible de travailler en même temps à des frontispices de livres, à une vierge, au tableau de la congrégation de Saint-Louis, à tous les dessins de la galerie, enfin, à des tableaux pour les tapisseries royales ; je n'ai qu'une main et, une débile tête, et je ne peux être aidé ni soulagé par personne. »


1. Voy. L. Viardot, Les Merveilles de la peinture.

Tapis d'Aubusson et Tapisseries d'Aubusson inscrits au Patrimoine de l'Unesco en 2009
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